Vin Diesel est un phénomène. À chaque fois que nous avons l’occasion d’interviewer l’acteur, il faut s’attendre à un véritable « show ». Vin est du genre à entrer dans la pièce avec son smartphone allumé qui joue de la musique. Une façon de rappeler qu’il a été dans le passé un danseur de breakdance. Autre aspect de sa personnalité. Vin n’est jamais assis lorsqu’il répond aux questions. Il tourne en rond, se lance dans une discussion philosophique sur la vie, l’énergie et la spiritualité. Certains pourraient le prendre pour un illuminé. Mais pour ceux qui le connaissent bien, l’acteur aux 100 millions de followers sur les réseaux sociaux est un passionné.
Mark Sinclair Vincent est né en 1967, en Californie. Sa famille déménage immédiatement à New-York. Vincent se passionne pour le théâtre et débute sur les planches à l’âge de 7 ans. Encouragé par son père, professeur d’Art Dramatique, il étudie le cinéma à l’université dans le but de réaliser ses propres films. En 1995, il présente son premier court-métrage Multi-Facial au Festival de Cannes. Deux ans plus tard, il passe au long-métrage avec Strays et se fait remarquer au Festival de Sundance. À la fois acteur, producteur et réalisateur de ses films, Vin ne pensait pas attirer l’attention de Steven Spielberg. Sa carrière d’acteur commence officiellement avec Il faut sauver le soldat Ryan. Mais c’est le thriller de science-fiction Pitch Black qui le fait connaitre du grand public. Ses muscles et sa voix grave en ont fait un personnage culte. Les critiques le comparent à une grande star de l’âge d’or d’Hollywood, Robert Mitchum. En 2001, un film crée la surprise au box-office mondial. Son titre : Fast and Furious. Mark Sinclair Vincent adopte le pseudonyme de Vin Diesel et devient une star mondiale. Vin, pour rendre hommage à Vincent, le nom de jeune fille de sa mère, et Diesel pour son côté hyperactif. L’acteur est dans la vie un vrai mystère. Il refuse de parler de ses origines, se contentant de dire qu’il a du sang italien et issu de la diversité. Très proche du Président de la République dominicaine, pays dans lequel il réside une partie de l’année, la star est un fan des jeux vidéo. Grâce à la franchise Fast and Furious, son personnage Dom Torreto, spécialiste des rodéos urbains, est aujourd’hui un des visages les plus connus au monde. À l’occasion de la sortie de Fast X, rencontre avec une star à part.
R.M. : Votre personnage, Dominique Torreto fait partie aujourd’hui de la culture populaire. Mais à l’origine, comment l’avez-vous créé ?
V.D. : Avec tous ces films d’action que je fais, on oublie souvent que je suis le fils du directeur d’un théâtre. Mon père était également professeur d’Art Dramatique au Brooklyn College de New-York. Pourquoi je vous dis cela ? Parce j’ai grandi dans une famille où nous avions souvent des comédiens à dîner. Toute mon enfance, je les entendais discuter des différents processus pour créer un personnage. Pour le premier Fast and Furious, dans le scénario, mon personnage possédait une bodega cubaine. J’ai alors ressenti le besoin d’aller à Cuba.
R.M. : En tant que citoyen américain ? Alors que c’est interdit ?
V.D. : Justement, j’ai renoncé à ma citoyenneté et je suis allé à Cuba en 2000 pour me préparer au personnage de Dom Toretto. Je ne savais pas ce que j’allais en tirer. J’espérais toutefois obtenir quelque chose. Je me souviens être passé par la douane cubaine. C’est assez idiot comme souvenir. (Rires) J’ai dit à tous les agents des douanes, qui n’avaient aucune idée de qui j’étais, que j’allais un jour tourner un grand film dans leur pays. J’ai tenu ma promesse. En 2017, avec Fast and Furious 8, nous sommes entrés dans l’histoire en devenant la première production nord-américaine à tourner un film à Cuba depuis la révolution de 1953.
R.M. : Vous avez, à travers vos films et la franchise Fast and Furious, brisé les codes hollywoodiens. Pour la première fois, c’est un héros issu de la diversité qui sauve le monde.
V.D. : Franchement, Je ne sais pas si on en parle beaucoup. Je sais que quand j’étais enfant, il n’y avait pas de stars de cinéma multiculturelles. Je voulais vraiment être le premier. Le visage de ce millénaire est multiculturel. J’ai eu cette chance d’être né à mon époque et d’avoir galéré. C’est à 30 ans que j’ai fait ma toute première photo hollywoodienne officielle. J’ai pourtant commencé dans ce métier à l’âge de sept ans. Vous savez, je ne pouvais même pas obtenir de rôles dans les années 1990.
R.M. : En 1997, vous décrochez un rôle dans un grand film hollywoodien, Il faut sauver le soldat Ryan de Steven Spielberg, alors que vous veniez de réaliser votre premier court-métrage
V.D. : Oui, Multi-Facial. C’est un court-métrage que j’ai écrit et dans lequel je joue un acteur issu de la diversité qui passe des auditions, mais qui n’arrive pas à trouver du boulot. (Rires) Steven Spielberg l’a vu et a demandé au scénariste d’écrire un rôle pour moi, alors que Il faut sauver le soldat Ryan était déjà en production. En prenant du recul, j’ai réalisé que dans les années 1980 et 1990, ce n’était pas encore mon heure. Nous n’étions pas encore entrés dans une ère multiculturelle. J’ai eu la chance d’avoir été préparé pour ce changement.
R.M. : Est-ce le marché international a joué un rôle dans ces changements ?
V.D. : Tout à fait. Il y a plus de gens dans le monde qui peuvent aller au cinéma et s’identifier à moi que la plupart des acteurs à Hollywood. Ce public international qui va voir mes films, qui ressort de la salle, et qui se dit : « Il pourrait être mon cousin ». (Rires)
R.M. : Vous vous attendiez à être aussi célèbre ?
V.D. : J’en ai toujours rêvé enfant et je l’ai toujours su. Je me souviens avoir regardé des documentaires sur Marlon Brando où il disait qu’il savait…
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