À 41 ans, Eddie Redmayne ne semble pas vieillir, gardant le même visage d’ange. L’acteur britannique, oscarisé en 2015 pour le biopic Une merveilleuse histoire du temps, est surtout connu pour incarner des personnages émotionnellement bouleversés, même si sa palette de jeu est multiple.
La première chose qu’on remarque lorsqu’on s’entre-tient avec le comédien, c’est sa passion pour l’Art en général. Car Eddie est aussi peintre et pianiste. Toutes ses partenaires à l’écran, de Michelle Williams à Julianne Moore, le décrivent comme un acteur qui s’investit à fond dans les rôles qu’il joue. Malgré sa célébrité et le fait qu’il ait fréquenté le prestigieux collège Eton la même année que le prince William, Eddie continue de se déplacer en métro ou en vélo. Portrait d’une star pas comme les autres, Eddie Redmayne, aussi nommé Officier de l’Ordre de l’Empire britannique (OBE).
R.M. : Pour interpréter l’astrophysicien Stephen Hawking dans Une merveilleuse histoire du temps, vous n’avez pas hésité à perdre vingt kilos. Comment avez-vous approché ce rôle au-delà de cette transformation physique ?
E.R. : Lorsque j’ai obtenu ce rôle, il y a eu ce moment incroyable qui dure environ trois secondes. Ensuite, la peur s’empare de vous. Je savais que Stephen Hawking allait voir le film. Je savais aussi qu’il ne mâchait pas ses mots pour dire ce qu’il pensait. Je voulais préparer le terrain et surtout éviter d’être inhibé par l’aspect physique car nous ne tournions pas le film dans l’ordre chronologique. En discutant avec Stephen Hawking, j’ai immédiatement compris que son handicap, la maladie de Charcot, n’était pas importante. Quand il a été diagnostiqué à 21 ans, il n’a plus jamais eu envie de retourner voir un médecin. Il n’y allait que quand c’était nécessaire. C’est l’homme le plus vibrant et le plus tourné vers l’avenir. C’est cela qui était fascinant pour moi et mon travail. On a souvent tendance à penser que ce film racontait l’histoire de sa maladie. En réalité, c’est avant tout une histoire d’amour et une belle leçon pour affronter tous les obstacles.
R.M. : Tous les rôles que vous avez joués sont différents. Qu’est-ce qui vous attire en tant qu’acteur ?
E.R. : Honnêtement ? On n’a pas trop le choix ! On a déjà assez de chance de faire un métier qui nous passionne. J’adorais le théâtre quand j’étais petit. Maintenant, c’est mon boulot. L’idée de faire de sa passion un métier est quelque chose de très rare. J’ai toujours été quelqu’un qui, à l’école, demandait des sujets de dissertation. Quelque chose qui me permettrait d’être en immersion totale. Quand les professeurs me demandaient de choisir un sujet précis, je refusais. C’est ce que j’aime dans mon métier d’acteur. Si on me propose de jouer un indien adopté dans le Nord de l’Oklahoma, je prends. Ou bien un révolutionnaire qui chante comme dans Les Misérables ou le privilège d’avoir pu incarner Stephen Hawking. À chaque nouveau projet, il y a de la peur, mais en même temps c’est stimulant.
R.M. : Dans votre carrière, vous avez déjà connu le rejet ?
E.R. : Excellente question. Le métier d’acteur est l’une de ces professions où dès le début, on vous dit « non ». J’ai commencé à jouer à l’âge de 5 ans. Je me souviens de ma toute première audition professionnelle, j’avais 9 ans et je venais d’intégrer une troupe d’enfants acteurs dont faisaient partie James Corden et Aaron Taylor-Johnson. Pour le casting de cette pièce, Annie Get Your Gun, je devais chanter. J’avais appris la chanson par cœur et j’étais convaincu que ça allait bien se passer. Quand je suis arrivé au théâtre, il y avait littéralement 700 garçons qui me semblaient identiques. On nous a tous alignés sur la scène, comme dans La nouvelle Star. On tenait tous un numéro à la main. J’ai à peine entamé le chant qu’on m’a fait sortir.
R.M. : C’est brutal !
E.R. : Tout à fait. Je me souviens en avoir parlé avec mes parents. J’étais traumatisé à l’idée qu’on puisse congédier de cette manière un enfant. Mais bizarrement, ce genre de situation vous apprend à avoir de l’ambition et de la rigueur, deux choses qui ne vous quitteront jamais. Même maintenant que j’ai la chance d’avoir un travail intéressant, il y a toujours ce « non » qui vous guette. Il y a toujours plus de gens qu’il faut convaincre. Le fait d’avoir connu le refus à un âge aussi précoce donne le feu au ventre.
R.M. : Contrairement à la plupart de vos collègues, vous n’avez jamais fait des études d’Art dramatique. Est-ce que vous avez votre propre méthode pour jouer ?
E.R. : Ma première pièce en tant que professionnel ressemblait à une école de théâtre. J’étais entouré d’excellents acteurs. Grâce à cette pièce, j’ai signé avec un agent qui a commencé à m’envoyer à des auditions. Certaines d’entre elles étaient des auditions pour le cinéma et la télévision. À l’époque, j’avais 15 ans et je n’avais jamais été confronté à cette façon d’auditionner. Je savais que n’ayant pas eu de formation, je devais apprendre de mes propres erreurs. Je m’étais dit que je devais juste être comme une éponge face aux comédiens avec lesquels je travaillais. J’ai eu beaucoup de chance, très tôt, de travailler avec des acteurs et des réalisateurs exceptionnels, que ce soit…
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