Pour beaucoup, elle reste l’inoubliable Miss Météo du Grand Journal, sur Canal+. Elle n’y était pourtant restée qu’une saison. Mais si Charlotte Le Bon n’a pas accepté de continuer ses chroniques au sein de la célèbre émission, c’est pour mieux se consacrer à sa carrière d’actrice. Elle débute dans Astérix et Obélix : au service de Sa Majesté. Le cinéma n’est qu’une nouvelle étape pour la belle Canadienne.
Car Charlotte a déjà un CV qui fait rêver. Mannequin dès l’âge de 16 ans, elle a été l’égérie de plusieurs grandes marques et tourné beaucoup de spots publicitaires. Cela ne l’empêche pas de continuer le dessin, son autre passion. Diplômée en arts plastiques, ses œuvres, mélange de dessins et de street art, ont été plusieurs fois exposées. Comme beaucoup de ses compatriotes canadiens, Charlotte Le Bon est bilingue, ce qui lui permet de tourner dans des productions anglo-saxonnes. Elle partage l’affiche avec Joseph Gordon-Levitt dans le biopic The Walk : rêver plus haut, joue une ingénue dans La promesse et une sous-chef au service d’Helen Mirren dans Les recettes du bonheur de Lasse Hallström. L’actrice ne laisse toutefois pas de côté ce cinéma français qui a lancé sa carrière. Elle enchaîne les rôles, variant les projets et décroche une nomination aux césars, celui du meilleur second rôle féminin dans Yves Saint-Laurent.
À seulement 36 ans, Charlotte Le Bon présente son 1er long-métrage en tant que réalisatrice. Elle a co-écrit et mis en scène Falcon Lake, film présenté au dernier Festival de Cannes. Falcon Lake, une histoire d’amour et de fantômes. L’amour entre deux adolescents : Chloé, la Québécoise, et Bastien, le jeune Français, venu en vacances au Canada avec sa famille. Sur le thème de la mort, Charlotte Le Bon réussit à offrir au spectateur un thriller d’épouvante tout en subtilités. Falcon Lake, très bien accueilli par la critique, a été récompensé au Festival de Deauville. Rencontre avec Charlotte Le Bon, star internationale, à la fois simple et sophistiquée.
R.M. : Je sais que Falcon Lake est un lac qui existe vraiment. Il est situé dans la province du Manitoba. Et il me semble que vous connaissez bien également Falcon Lake.
C.L.B. : Je connais très bien Falcon Lake. Mon beau-père, qui m’a pratiquement élevée, avait un chalet à Falcon Lake. C’est à quelques heures de Winnipeg. J’ai passé plusieurs étés au bord du vrai Falcon Lake, au Manitoba. C’est un lac immense qui m’a toujours intimidée. C’est un lac qui est à la fois sublime, mais aussi un peu effrayant. J’ai plein de souvenirs forts de mon passage de l’enfance à l’adolescence là-bas. Ce qui est étrange, c’est le fait que Falcon Lake n’était qu’un titre provisoire. Mais avec le temps, ce titre était tellement associé à l’intrigue que je n’ai pas été capable de m’en défaire. C’est devenu le titre du film.
R.M. : Sauf que vous n’avez pas tourné au Manitoba, mais dans la région des Laurentides, au Québec, dans un endroit qui s’appelle Gore.
C.L.B. : Ça ne s’invente pas ! (Rires)
R.M. : D’habitude, dans ce genre de film, on met en avant l’horreur, l’épouvante, et les adolescents subissent. Dans votre film, vous brisez les codes. Ce sont les adolescents qui sont mis en avant, l’horreur fait juste partie du décor.
C.L.B. : Je pense que c’est d’abord une question d’équilibre. Je voulais un équilibre entre la lumière et la noirceur. C’était quelque chose qui m’intéressait et que j’adore voir au cinéma. J’avais vraiment envie d’exploiter cela dans la mise en scène. Le challenge a été de trouver le parfait équilibre entre ces deux mondes.
R.M. : C’est votre premier long-métrage en tant que réalisatrice. Vous aviez mis en scène un court-métrage et vous êtes comédienne depuis maintenant dix ans. Quelle a été votre école de cinéma ?
C.L.B. : J’ai grandi avec les films américains. Je pense que c’est avec ce cinéma que j’ai beaucoup appris. Les films français sont venus beaucoup plus tard, quand j’ai commencé à travailler à Paris. Il y a toutefois un réalisateur qui m’inspire, c’est Luca Guadagnino. (Call me by your name, Bones and All, ndlr). C’était ma référence pour l’histoire d’amour dans Falcon Lake. J’ai cherché à garder une forme de pudeur et une mise en scène très simple qui permettait de pouvoir donner énormément d’espace aux personnages. Il y a aussi le film Take Shelter de Jeff Nicholson. J’avais adoré cette espèce d’ambiance trouble qui est présente tout au…
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