Lesly Yao a parcouru un chemin exceptionnel pour réaliser son rêve. Partie au Canada pour poursuivre des études de commerce, elle a choisi une carrière bien différente de celle qu’elle avait d’abord envisagée. Lesly est aujourd’hui pompier dans la petite ville de Brownsburg-Chatham, au Québec. Elle revient sur son parcours, ses défis d’intégration dans un métier largement dominé par les hommes et sa détermination à contribuer activement à la société. Un échange inspirant avec une jeune femme passionnée et audacieuse.
Dans quelles circonstances es-tu allée au Canada ?
C’était après mon bac au collège-lycée La Mennais. J’avais le choix entre la France et Montréal pour poursuivre mes études. Je connaissais déjà la France, mais le Canada m’attirait plus. En 2012, deux ans avant mon bac, mes parents m’ont emmenée au Québec pour voir si cela me plairait, et j’ai adoré ! Pendant mon année de terminale, j’ai postulé aux universités canadiennes et McGill m’a acceptée. Je suis venue en 2014 et j’aime tellement le Québec que je suis restée.
Comment s’est passée ton installation à l’époque ?
C’était difficile car c’était la première fois que je devais vivre sans mes parents. McGill est une université anglophone, donc il a fallu m’adapter. Heureusement, j’étais en résidence universitaire, donc j’étais quand même bien encadrée. La culture et les expressions étaient différentes. Ça m’a pris du temps pour les comprendre. Et comme j’avais 17 ans, je ne pouvais pas aller au bar avec mes amis. De plus, au Québec, les étudiants commencent l’université à 21 ans, donc je me sentais un peu déphasée.
Comment es-tu passée d’études de commerce à pompier ?
C’est vrai que c’est un gros changement de carrière. Après McGill, j’ai travaillé en marketing dans des agences publicitaires. J’aimais ça, mais avec la COVID, tous les bureaux ont fermé et on était tous en télétravail. Pendant un an, je me réveillais le matin, j’allumais mon ordi, je travaillais. Le soir, je fermais mon ordi, puis j’allais me coucher. Je ne me sentais pas accomplie. J’avais envie d’aider les gens, et un soir, j’ai vu une pub de femmes dans l’armée. Ça m’a tellement inspirée que j’ai regardé comment postuler. Mais je n’avais pas ma citoyenneté, donc je n’étais pas éligible. J’ai cherché un autre moyen d’accomplir le même but. J’ai toujours eu cette pensée d’être pompier mais pour moi, c’était un job inatteignable pour une petite Tahitienne qui venait de débarquer au Québec. J’ai quand même regardé comment ça pouvait arriver. Le processus était difficile, mais atteignable. Toutes les salles de gym étaient fermées, et il fallait que je me mette en forme pour les tests physiques d’admission. J’ai dû trouver des moyens originaux pour m’entraîner. J’allais dans les marches d’escalier de là où j’habitais, je mettais des sacs à dos de farine, puis je montais les marches. J’ai réussi les tests physiques de l’école. Quand j’ai reçu ma lettre d’acceptation, je n’y croyais pas, mais je savais que je devais essayer pour ne pas regretter.
Combien de temps faut-il pour être pompier au Canada ?
C’est un DEP en technique de sécurité incendie d’un an. Avec ce DEP, on peut postuler pour les petites municipalités de moins de 200 000 habitants. Pour les grandes villes comme Montréal, Laval, il faut avoir un DEC, un diplôme d’études collégiales, et ça prend un à deux ans, dépendamment de si on a nos cours de base ou pas. Heureusement qu’avec mon baccalauréat français, la majorité de mes cours étaient reconnus, donc j’ai pu le faire en un an seulement.
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