Fliline Amaru est greffière et gestionnaire RH à la Direction des services judiciaires à Paris. Ce qu’elle aime dans le droit : sa rigueur et son évolution avec les réflexions sur son utilisation pour aider et guider les personnes. C’est aussi sa soif de justice qui l’a poussée dans ces études.
Pourquoi avoir choisi de suivre des études de droit ?
Parfois, on peut être jeune, mais tout de même voir et comprendre les inégalités qui nous entourent. J’ai perdu ma maman quand j’avais 6 ans. Être en primaire sans avoir sa maman, c’est difficile. C’était difficile pour moi, pour nous, mais aussi pour mes camarades de classe qui ne comprenaient pas forcément la situation. Avoir un seul parent était « bizarre ». À la Fête des mères, je déposais des cadeaux sur sa tombe avec l’espoir que le vent ou un chien ne les emportent pas. Mais j’attendais aussi chaque 20 novembre (la Journée mondiale de l’enfance, ndlr) avec impatience ! C’était pour moi la meilleure journée, comme si l’on était tous égaux. C’est cette journée qui m’a appris et m’a fait comprendre que j’avais le droit d’avoir un seul parent, j’avais le droit de vivre ça. Mais que ce n’était pas normal d’avoir des remarques désagréables sur cette situation. C’est avec cette journée, que la notion de « droit » est entrée dans mon vocabulaire et dans ma vie. Ma sœur est également partie étudier le droit en France. Je voulais faire comme elle. En grandissant, je voyais toujours et encore des inégalités et des injustices. En primaire, je rêvais déjà de ces études de droit, sans connaître les sacrifices ni les défis.
Tu voulais être avocate puis finalement tu as choisi de faire l’école nationale des greffes à Dijon, pourquoi ?
Je suis quelqu’un qui aime apprendre de nouvelles choses sur l’histoire, le monde, et adore aller à l’école. Mais j’ai toujours détesté apprendre mes cours par cœur. Malheureusement, le droit c’est beaucoup de par cœur. Mais j’adorais aussi aller à la bibliothèque pour travailler, étudier. Je préparais l’examen d’accès à la profession d’avocat (CRFPA) quand la Covid est arrivée. Je ne pouvais plus aller sur les bancs de l’école, ni à la bibliothèque… Une période anxiogène, où on avait un décompte des morts. J’ai tout simplement craqué. Préparer le CRFPA, c’est long et soutenu. J’avais perdu l’envie d’apprendre, l’envie de comprendre, l’envie d’être avocate. Et puis je découvrais aussi la réalité de la profession d’avocat avec certains amis. J’avais perdu cette flamme. Il n’y avait plus cette coupure entre la maison et l’école, mon appartement était devenu mon université. Alors j’ai perdu espoir.
Qu’est-ce qui t’a permis de remonter la pente ?
Je me suis rapprochée d’une association qui m’a aidée pour la nourriture et…
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