Rava Tchoun You Thung Hee a mis du temps avant de se lancer professionnellement dans une carrière d’artiste. Quelque chose était là, qui a patiemment attendu, avant d’éclore. Elle a obtenu le troisième prix au Salon des jeunes artisans créateurs qui s’est déroulé en mars dernier.
Passé
Après mon baccalauréat scientifique, j’ai continué à l’université en biologie, mais ça n’a pas marché. À l’époque, je voulais devenir professeur de sport, mais j’aurais dû partir pour suivre la filière Staps et ce n’était pas possible financièrement. Quand j’ai arrêté l’université, je saturais, j’avais envie d’autre chose. J’ai toujours un peu bricolé, notamment dans l’atelier de la maison familiale où il y avait pas mal d’outils que j’essayais et que j’apprenais à utiliser moi-même. J’ai commencé à me faire tatouer et mon tatoueur m’a parlé d’un centre de formation sur Taravao où je pourrais apprendre la gravure. J’ai commencé à y aller et j’ai beaucoup aimé. Dès que je rentrais, je filais à l’atelier pour continuer à travailler, ça m’intéressait et surtout, j’avais l’impression de déjà savoir graver. Puis mon père m’a proposé d’aller au Centre des métiers d’art (CMA), j’ai refusé. C’est papa qui me l’a proposé alors c’était non… l’époque du refus de l’autorité parentale ! (Rires) J’ai fini par y aller, mais 15 ans plus tard ! J’ai d’abord travaillé avec un menuisier ébéniste chez qui j’ai tout appris ; puis je me suis occupée d’une vanilleraie, j’adorais ça : marier les fleurs, être dans la nature ; ensuite j’ai été préparatrice de vanille pour une boutique et enfin à la caisse et au bar d’un restaurant. Pendant tout ce temps, je continuais à faire de la gravure, c’était des cadeaux pour les amis, des choses que les gens me demandaient… À chaque fois que je gravais, ça me faisait un bien fou. C’est lors du séjour d’un ami néozélandais que je suis retournée au CMA. Nous sommes allés voir le Pūtahi ensemble. Il m’a dit : « C’est une école pour toi. » Je me suis inscrite, j’ai eu mon diplôme en 2019 et j’ai lancé mon entreprise : Rava Tahiti Créations.
Créations
Je réponds à des commandes et je fais quelques pièces en création comme le coffret du sommelier et l’autel d’offrandes, une pièce qui a obtenu le troisième prix au Salon des jeunes artisans créateurs. J’utilise mes expériences précédentes pour mon travail d’aujourd’hui. Je travaille le bois, la nacre, l’os… J’aime travailler avec les idées des gens car c’est toujours quelque chose d’unique…
Article rédigé par Lucie Rabréaud
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