Par Cécile Flipo [Extrait]
Photos : Tevahitua – Ora Concept © / Lucien Pesquié ©
De l’idée du thème, à la transcription de la légende en écrits, paroles, chants, musiques, danses et costumes, un Heiva est la création d’un spectacle inédit qui se tisse au fil des mois et qui rassemble des femmes et des hommes investis et passionnés par la tradition polynésienne. Voici le témoignage des acteurs de la troupe Hei Tahiti de Tiare Trompette.
Tiare Trompette
Chef de troupe
“En tant que chef de troupe, c’est deux ans plus tôt que je commence à penser au spectacle. Pour le choix du thème, mes sources d’inspiration sont diverses. Cela peut venir d’une rencontre, d’échanges culturels, d’un membre de ma famille… Je capte les signes qui me guident vers le choix d’une légende. Une fois que j’ai trouvé, je me rapproche de l’auteur qui va avoir un rôle essentiel : il écrit un mémoire, ce qui nous permet de déposer un dossier (thème, synopsis, chants, danses, description des costumes…) au jury du Heiva. Il doit avoir une belle plume, il doit avoir les contacts et les ressources pour prouver que tout ce qui est raconté dans le spectacle est une véritable légende traditionnelle.”
Yann Paa
L’auteur
“L’auteur intervient dès le départ. Il construit le spectacle à travers l’écriture de l’histoire qui sera mise en scène. Il doit aller à la source de l’information, car la légende n’est pas forcément écrite. Il arrive aussi qu’il existe plusieurs versions. J’essaie alors de me rapprocher au plus près de la version authentique en allant à la rencontre des personnes qui connaissent l’histoire. Ce sont souvent des personnes âgées qui sont la mémoire de la parole transmise. L’histoire est alors écrite sur support informatique en langue tahitienne, ce qui permet, en travaillant avec le chef de troupe, d’établir un découpage où sont fixés les tableaux des danses ou chants du spectacle. Le chef de troupe va peut-être avoir besoin de détails, de compléments ou de précisions sur un moment de l’histoire, précisions que je dois apporter pour que la création de la danse ou de la musique reste au plus près de la légende. Cette discussion va aussi orienter le design des costumes.”
Heremoana Urima
Chef d’orchestre
“Un chef d’orchestre a pour rôle la création des musiques traditionnelles en introduisant avant tout les instruments traditionnels comme le tō’ere, le fa’atete (la caisse claire), le tariparau (le tambour), le pahu tūpa’i rima (tambour maquisien), le ‘īhara (bambou entaillé), le ‘ukulele…. Tout est créé autour du thème du spectacle défini.”
Loïck Tehaeura
Compositeur
“Le compositeur doit mettre en musique les chants qui ont été écrits par l’auteur. Mon rôle est de définir la mélodie, son rythme, la tonalité… Je travaille ensuite en collaboration avec le chef d’orchestre pour finaliser le chant qui est présenté à la chef de troupe avant sa validation finale. Il arrive qu’elle affine sa demande par rapport à ses chorégraphies.”
Sven Janssen
Le designer
“Le but du designer est de retranscrire les idées initiales de la chef de troupe en costumes. Elle a réalisé des croquis de ce qu’elle désirait en tenant compte du thème de chaque tableau dansé et de la chorégraphie. Je reprends ces croquis, mais je vais plus loin. La chef de troupe valide ensuite les dessins finalisés. C’est le moment de passer à l’étape de montage, le modèle « zéro » qui sert de base à la réalisation de tous les autres costumes. Le designer doit tenir compte des matériaux imposés. Par exemple pour le grand costume, on doit impérativement utiliser des matériaux secs (végétaux, coquillages, more…).” Photo : Lucien Pesquié ©
Alexandra Holman-Merwin
Danseuse et répétitrice
“Je suis chargée d’apprendre aux danseuses les chorégraphies de toutes les danses montées par la chef de troupe. Ma présence aux répétitions est donc requise ! Les danseuses ne sont pas forcément des professionnelles. Elles sont sélectionnées suite à une mini-audition organisée par groupe de dix filles avec deux danses à apprendre et à réaliser en une heure. La place des danseuses est définie en fonction de leur niveau respectif, de leur taille aussi…”
Toanui Mahinui
Meilleur danseur et ra’atira
“Mon rôle en tant que ra’atira est de mener la troupe sur scène. Je représente en effet un personnage du spectacle qui a un rôle important : il est le lien de tous les danseurs hommes et je suis donc présent sur scène quasiment tout le spectacle, à l’exception de deux à trois tableaux.”
Retrouvez l’intégralité de cet Article dans votre HINE Magazine #32 de juillet ou commandez-le en cliquant ICI
Comments are closed