Son téléphone sonne souvent et il y répond indifféremment en français ou en anglais. Enoch Laughlin est un homme très occupé et ça fait 20 ans que ça dure ! Vingt ans qu’il préside le ‘Amuitahiraa Tū’aro mā’ohi, la Fédération des jeux et sports traditionnels.
C’est d’abord le va’a puis la moto et le jet ski qui étaient les premières passions d’Enoch Laughlin. Il a même remporté la Coupe du Pacifique de jet ski en 1990, en Nouvelle-Zélande. La « sensation de vitesse », la « maîtrise », « aller au-delà de soi », et puis aussi les voyages avec toute l’équipe sur les vols UTA, à l’époque, restent de bons souvenirs. C’était aussi la grande mode dans ces années-là. Il a participé à la création de la Fédération des sports mécaniques qui réunissaient alors la moto, la voiture et le jet ski. Mais en 1999, tout change. Le gouvernement lance un appel d’offres pour l’organisation des grandes festivités de l’an 2000. L’association Tahiti Nui 2000, dont il fait partie, sera choisie pour organiser ce festival. Toutes les îles sont présentes, Enoch Laughlin parle de « 4 000 personnes » réunies. Mais surtout, il réalise que les sports traditionnels, dont il savait plus ou moins ce que c’était, ne sont pas du tout structurés. En juillet, à l’époque du Tiurai, il y avait déjà des compétitions, mais celles-ci relèvent plus de l’animation et du spectacle, même si les athlètes ont bien évidemment « envie de gagner ». Avec plusieurs sportifs, ils décident de monter des associations et puis automatiquement, une Fédération naît. « Il y avait de l’engouement, on voyait que les gens avaient envie de voir ces sports se structurer. » Cela fait déjà un moment qu’il a lâché les sports mécaniques et il s’engage alors dans un monde qu’il ne connait pas.
Il est vite séduit par l’ambiance : « C’était complètement différent des sports mécaniques où c’est un peu chacun pour soi et où quand on a de l’argent, on peut plus facilement réussir. Dans les sports traditionnels, les gens ont la foi, de l’authenticité, une simplicité… Il y a moins d’intérêt personnel ou financier. J’y retrouve mes origines, ma culture. » Enoch Laughlin est né à Rikitea, aux Gambier. La vie simple des îles est toujours restée ancrée dans son cœur. Cela fait maintenant 20 ans qu’il préside la Fédération, 20 ans qu’il se bat pour que ces sports vivent et se développent. « Nous avons commencé à organiser…
Article rédigé par Lucie Rabréaud
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