Pharmacien de profession, Timeri Maunier est aussi présidente de la jeune association Pacific Cosmetic Valley. Alliant héritage familial, passion pour la nature et volonté de transmettre les savoirs traditionnels, elle œuvre à son niveau à préserver la richesse des plantes polynésiennes.

Photo : Tevahitua Brothers ©
En octobre dernier, Timeri Maunier a pris la tête de Pacific Cosmetic Valley, une nouvelle association visant à fédérer les acteurs polynésiens autour d’une cosmétique durable.
À la croisée de la tradition et de la modernité, ce projet met en lumière les plantes locales et les savoirs ancestraux. « Notre mission première, c’est de cartographier tous les acteurs concernés, réunir tout le monde et créer un réseau », explique-t-elle.
En plus de Timeri, le bureau est composé de Lina Huan, membre fondateur, Lucie Hubert, pharmacien, (à l’origine d’une nouvelle crème de luxe à base de fleurs locales) et la chimiste Samantha Finck (de la marque ECOFARE).
Parmi les priorités de l’association : protéger des trésors comme le mono’i de Tahiti et valoriser des plantes médicinales aux propriétés exceptionnelles, trop souvent méconnues. L’association a aussi pour ambition de préserver la biodiversité et les savoirs traditionnels, en collaboration avec des chercheurs et agriculteurs locaux.
« Pacific Cosmetic Valley est un cluster, précise Timeri. C’est une plateforme de coopération de ressources, c’est créer un écosystème où tous les acteurs peuvent interagir, collaborer et échanger des connaissances. Je reprendrais l’image de chef d’orchestre qui coordonne les talents et les ressources des acteurs. Chaque membre (producteur, chercheur, artisans, agriculteur, chimiste) représente un instrument unique dans un orchestre. Ma mission et celle du bureau est d’harmoniser pour créer une mélodie puissante qui valorise la cosmétopée polynésienne et du Pacifique. »
Des soins naturels au cœur de sa pratique quotidienne
Dans son officine de Paea, Timeri met en pratique cette philosophie en proposant des soins naturels à ses clients, qu’elle privilégie systématiquement lorsqu’ils s’avèrent efficaces. Comme l’huile de tāmanu, qui fait partie des premiers conseils qu’elle offre aux patients pour traiter des problèmes dermatologiques. Elle recommande également d’autres remèdes issus de la pharmacopée locale, comme le rēmene pour le foie ou encore les hydrolats de plantes qu’elle affectionne particulièrement. « On peut se soigner avec ce que nous offre la nature ici, sans conservateurs, et 100 % naturel. C’est une chance que je souhaite partager. »
Un engagement capturé à l’écran
L’engagement de Timeri pour la valorisation des plantes polynésiennes dépasse les murs de son officine. En 2022, elle a contribué à un documentaire intitulé La troisième feuille, réalisé par Virginie Tetoofa, présenté hors-concours au Festival international du film documentaire océanien (FIFO). Ce film met en lumière l’importance des plantes polynésiennes dans la médecine traditionnelle et leur potentiel souvent sous-exploité dans les pratiques modernes. Désormais diffusé sur les vols Air Tahiti Nui, ce documentaire représente une fierté pour Timeri, qui y voit une manière d’éduquer et d’inspirer un large public.
Une vocation inscrite dans les gènes
Pour Timeri, la pharmacie est bien plus qu’un métier : c’est une tradition familiale. Arrière-petite-fille d’une guérisseuse, mama Vahinerii Ateahu, fille de deux pharmaciens, elle baigne dans cet univers depuis son enfance. « Je traînais dans la pharmacie de ma mère après les cours, j’aidais aux inventaires… J’étais tout le temps…
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