Elle est la première lauréate du Pacifique à recevoir le prestigieux prix Yasumoto Lifetime Achievement Award, récompensant sa carrière et le travail mené par le laboratoire des biotoxines marines de l’Institut Louis-Malardé (ILM). Cela fait désormais 33 ans qu’elle étudie la Gambierdiscus (l’algue toxique responsable de la ciguatéra) avec pour objectif d’améliorer la santé des Polynésiens et contribuant à la renommée de l’ILM.
En ce début du mois de novembre, alors qu’elle n’avait pas du tout prévu d’y aller, Mireille Chinain était au Japon, recevant le prix Yasumoto Lifetime Achievement Award lors de la 20e conférence internationale sur les algues nuisibles. La directrice du laboratoire des biotoxines marines de l’Institut Louis-Malardé avait pourtant prévenu son équipe : « Nous n’irons pas cette année car cela tombe la même semaine que l’évaluation par le conseil scientifique. » (des experts qui viennent auditer l’Institut et ses programmes, ndlr). Jusqu’à ce qu’elle reçoive un coup de fil du président de l’International Society for the Study of Harmful Algae (ISSHA) : « Mireille, il faut que tu viennes, c’est toi la lauréate du prix Yasumoto. » « Je me suis assise et tout de suite dit, mais il y a tellement d’autres chercheurs qui auraient mérité ce prix. Il m’a répondu que cette année, c’était pour moi et mon laboratoire. » Ce prix, qui couronne toute sa carrière dédiée à l’étude de la ciguatéra, elle l’a dédié à son équipe. « On ne fait jamais rien tout seul.
Et cela récompense aussi notre travail dédié aux populations. Nos études ont toujours eu comme objectif d’améliorer la santé des Polynésiens. » Mireille Chinain est la première lauréate de la région Pacifique à recevoir cette distinction décernée par l’ISSHA. Cinq cents participants de 42 pays étaient présents à cet événement. L’Institut Louis-Malardé s’est imposé à l’international comme un laboratoire de recherche performant sur les biotoxines marines. Mais c’est un peu le hasard qui a mis la ciguatéra sur le chemin de Mireille…
Après une classe préparatoire pour devenir ingénieur, elle se réoriente dans les sciences de la vie et de la Terre et obtient un diplôme en océanographie biologique. « Mon père était transporteur et ma mère couturière et ils ont toujours considéré que c’était leur responsabilité de nous accompagner aussi loin qu’on voulait aller. À l’époque, ils nous mettaient dans l’avion pour la France et attendaient des nouvelles avec les lettres envoyées par La Poste. Ils se sacrifiaient, nous devions réussir nos études. » Elle choisit un sujet de thèse sur la parasitologie, espérant travailler pour une écloserie de crevettes en projet à Tahiti. Une fois docteur, elle revient au fenua, mais le projet des crevettes échoue. « Cette déconvenue s’est transformée en bénédiction car j’ai prospecté à Malardé et le directeur de l’époque m’a donné trois mois pour préparer un sujet de recherche sur la ciguatéra. » À l’époque, elle ne…
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