Après avoir été de tous les podiums du Hura Tapairu depuis 2014, la chef de la troupe et de l’école de danse Manohiva va présenter son groupe au Heiva i Tahiti. Le travail et les répétitions ont déjà commencé avec toujours ce même objectif : faire un spectacle au top et amener les danseuses et danseurs à se surpasser. D’un seul regard, Poerava Taea impose l’excellence !
Installée dans le café où elle a ses habitudes, elle termine un dessin sur son carnet. Poerava Taea aime profiter de ses rares moments calmes, attendant un rendez-vous, pour travailler sur les futurs spectacles de sa troupe, Manohiva. Ce matin, en sirotant un café bien noir, elle fait les croquis des costumes. Le nom de Manohiva a résonné plusieurs fois à la remise des prix du Hura Tapairu 2022 : 1er prix en hura tapairu, en mehura, pour le ‘aparima, le ‘ōte’a, et 2e prix dans la catégorie Pahu Nui. Une belle moisson ! « J’étais contente », sourit doucement Poerava Taea. C’est tout ? « Une fois qu’on s’engage dans un projet comme le Hura Tapairu, il faut travailler pour aboutir à un beau spectacle et si on gagne tant mieux, mais mon objectif est d’aider mes danseuses et danseurs à se surpasser. C’est du temps qu’ils donnent, de l’énergie, c’est physique… Ils s’y mettent tellement à fond que lorsqu’ils obtiennent ces prix, je souris car je les voix heureux. » Et c’est le soulagement d’être allé au bout, de l’avoir fait. « Quand on va au Hura Tapairu, je n’ai plus de vie ! » Depuis 2012, Manohiva se présente tous les deux ans à ce concours et depuis 2014, le groupe remporte le premier prix. Au bout de trois fois, un trophée est remis à la troupe, qu’elle a donc obtenu en 2018. En 2022, à nouveau Manohiva gagne et Poerava a vu le trophée pour celui qui réussira le challenge du trio : « Il est trop beau, je vais revenir le chercher ! » Avec un tel succès, la troupe est devenue celle qu’il faut battre. « Le monde de la danse est beau, mais rude. À chaque remise des prix, il y a des rumeurs, on gagne parce qu’on est amis avec le jury. C’est difficile à encaisser. Oui, ce sont nos amis, mais nous avons des règles strictes entre nous et justement je veux un spectacle au top pour éviter ces critiques. » Poerava parle même de « guerre psychologique » : « Il faut faire ce que tu as à faire et éloigner toutes les mauvaises ondes et les histoires. Certains viennent me raconter des choses, mais je n’écoute pas et je préviens ma troupe de ne pas faire attention. On vient, on travaille, on garde la surprise et à la remise des prix on accepte ce qu’on nous donne ou pas. »
La fondatrice et dirigeante de la troupe et de l’école Manohiva marche à l’intuition. Et si jamais la création est à zéro, elle garde la rigueur, la discipline, l’assiduité, la constance. C’est ce qui paye. Que ce soit dans la préparation du spectacle ou dans les répétitions. « Le nombre de cafés que j’ai pu boire ici avec l’auteur des textes… Quand on travaille sur un thème, je n’aime pas lire donc Yann Paa me raconte. Automatiquement, je vais imaginer des choses, des déplacements, des formations. Quand je ne vois rien, il faut qu’il me dise les choses autrement. » La ville de Pirae, la famille… Les thèmes sont divers, le plus souvent apportés par l’auteur, sur lesquels Poerava va mettre son grain de sel. « Je fais souvent un rêve la veille de nos rencontres qui va orienter le titre ou le fil conducteur… » Parfois, les deux butent, mais une image, une idée, permettent de refaire partir la machine à imagination. Et quand Poerava se sent complètement bloquée alors elle n’hésite pas à…
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