
Photo : Tevahitua Brothers ©
Après tout un apprentissage et une carrière chez Tamariki Poerani, elle a fondé son propre groupe en 2018 : Ia Ora te Hura. Pour leur première participation au Heiva i Tahiti en 2022, ils remportent la catégorie Hura Ava Tau et pourront désormais concourir en catégorie professionnelle. Une aventure vécue en couple puisque Teiva Viaris, son compagnon, a signé les compositions du spectacle. Une œuvre « préparée, chantée, jouée et dansée ensemble » !
C’était sa première participation au Heiva i Tahiti. Et en juillet 2022, à la remise des prix, Ia Ora te Hura a remporté les premiers prix dans quatre catégories : meilleur orchestre imposé, meilleur orchestre création, meilleure composition musicale et le plus prestigieux, le premier prix en Hura Ava Tau. Un bilan magnifique auquel Poerani Germain, la présidente et la fondatrice de la troupe n’osait croire. Le résultat d’une aventure incroyable dans laquelle on se lance avec appréhension, mais résolution. Surtout quand on la vit en couple ! Depuis toute petite, Poerani danse… Après les spectacles de danse improvisés avec ses cousines et sa sœur aux repas de famille, le ‘ori tahiti devient une affaire plus sérieuse avec l’inscription en école de danse. Poerani Germain fera tout son apprentissage chez Makau Foster et sera également intégrée dans la troupe Fenua de Guy Laurens. Dans les albums photos, trois jeunes filles apparaissent tout sourire : Poerani, sa sœur Raihei et Vaimiti Laurens. Inséparables, elles vivent ensemble les voyages des écoles de danse qui partent en spectacle à Hawaii, au Japon, aux États-Unis, au Chili… Après avoir trépigné d’impatience en regardant sa sœur, plus âgée de trois ans, participer au Heiva 1999, elle peut enfin à son tour monter sur cette scène en 2001. « J’aimais danser… À l’école, j’étais très studieuse, ma mère est institutrice et il fallait faire ses devoirs avant tout autre chose. C’était très important. La danse m’a permis de sortir de l’école, de faire autre chose, de me défouler. J’ai eu envie de progresser puis envie d’être sur scène. » Appartenir à un groupe qui présente un spectacle ensemble la fait également vibrer. Tous ces entraînements et ces répétitions créent des liens.

Photo : Tevahitua Brothers ©
Quand elle se retrouve sur les planches du Heiva pour la première fois, elle est impressionnée, mais la pression la pousse à se donner à fond et surtout à profiter de ce moment. L’année 2001 est suivi par 2002, 2005, 2009… Elle participe à tous les Heiva auxquels Tamariki Poerani est inscrit. Les années restantes, elle intègre d’autres troupes comme Ori i Tahiti de Teraurii Piritua, O Tahiti E de Marguerite Lai, ou encore Hitireva de Kehaulani Chanquy. « C’était une façon de s’ouvrir à d’autres manières de faire, de tester d’autres groupes. Chaque leader a son style. » Et puis, doucement mais sûrement, l’envie de créer son propre groupe commence à se dessiner… À l’époque, elle étudie la biologie. Avec toute sa famille investie dans l’enseignement, une grand-mère institutrice et directrice d’école, un tonton et une maman professeurs des écoles, les études étaient une priorité et la danse un loisir et certainement pas un « vrai métier ». Poerani se passionne pour la biologie et se verrait bien travailler dans la recherche. Mais une fois qu’elle obtient son master, elle décide de rentrer pour commencer à travailler. Elle préfère commencer à rembourser son prêt étudiant plutôt que continuer à s’endetter et postule tout de suite dans l’éducation. En parallèle de sa carrière de professeur de SVT, elle continue à danser et prend de plus en plus de place au sein de Tamariki Poerani. Lors de la préparation du groupe au Hura Tapairu 2012 puis au Heiva 2014, elle s’initie à la composition chorégraphique en élaborant la gestuelle de certaines danses et en proposant quelques idées de déplacement. « Faire des chorégraphies et les voir danser par d’autres personnes… » Poerani ne trouve pas les mots, mais c’est quelque chose qui lui plaît. Peut-être une « évolution artistique normale après plusieurs années de danse ? », se demande-t-elle. « J’aime la recherche pour la création d’autres gestes, la manière de les enchaîner, l’association du pas et du geste, les déplacements et trouver de nouvelles idées. C’est une fierté quand tu vois les gens apprécier ton travail. » Elle avait déjà fait…
Join the discussion