
Photo : Tevahitua – Ora Concept ©
Médecin urgentiste, généraliste, spécialiste en médecine aérospatiale, mais aussi chercheuse en anthropologie, candidate pour devenir astronaute, passionnée par l’humain, curieuse de tout, Dr Lucille Chauveau est une aventurière de la vie ! En ce mois d’Octobre rose, elle était la personnalité idéale car ses recherches l’ont menée auprès des femmes polynésiennes dans les archipels pour comprendre leur relation au soins et ainsi essayer de mieux traiter les cancers du sein.
Elle est virevoltante ! Lucille Chauveau est une aventurière du XXIe siècle comme on en croise peu souvent. On croit qu’elle a tout raconté, mais elle se lance sur un autre sujet, une autre de ses recherches ou un autre de ses engagements et c’est reparti. Ça foisonne de partout avec toujours l’envie d’agir pour la recherche et l’humanité. Avec elle, tout semble possible. Dr Lucille Chauveau est médecin urgentiste, généraliste, spécialiste en médecine aérospatiale et exerce actuellement en Polynésie française dans plusieurs établissements : elle va là où on a besoin d’elle, pour des évasans, des remplacements, des urgences. Née dans la région parisienne, c’est en Nouvelle-Calédonie qu’elle passe son adolescence avec des voyages réguliers en Polynésie française. Son père est en mission pour le gouvernement néo-calédonien et doit souvent venir à Tahiti. Elle a 13 ans quand, appuyée à la rambarde du premier étage du marché de Papeete, elle se promet de revenir. Quelques années plus tard, elle postule pour finir son internat ici avec l’intention de mener sa thèse sur le vécu du soin et l’isolement. C’est lors d’une expédition au Groenland que l’idée lui est venue : « Il y avait 300 personnes dans un village puis 600 sur l’autre côte, comment étaient-elles soignées ? J’ai posé la question à un ami Inuit qui m’a montré une pancarte. Il y était écrit que le médecin passera. Oui mais quand ? Passe-t-il souvent ? “Une fois par an”, m’a-t-il répondu. » C’est là-bas qu’elle s’intéresse à l’impact du soin en milieu isolé et l’impact de la culture sur le soin. « En Polynésie française, ce n’est pas le même climat, mais ce sont les mêmes contraintes : l’isolement, des soignants d’une autre culture… Parfois, nous, les soignants, on arrive avec nos gros sabots et on ne se comprend pas. »
Elle mène donc sa thèse en Polynésie française : Quels sont les déterminants et les vécus du soin chez les matahiapo dans les archipels ? « D’habitude, pour les thèses de médecine, les sujets nous sont proposés mais là, c’est moi qui ai choisi, je voulais absolument faire ça. » Son père pompier a gardé des liens avec des Polynésiens et quand sa fille part en Polynésie, il appelle ses copains des îles. Gaston Tunua va accueillir Lucille et devenir son papa fa’a’amu. À son tour, il appelle ses copains pour qu’elle soit accueillie dans les archipels. Pour mener ses recherches, elle va à Tahuata, Ua Pou, Hiva Oa, Maupiti et Tahaa. « Quand tu arrives et que tu t’assoies à côté des personnes âgées pour discuter, c’est simple. Je n’ai jamais eu de réticences et ils m’ont raconté plein de choses ! » Elle pose une première question à ceux qu’elle rencontre : « Qu’est-ce que c’est pour toi être en bonne santé ? » Et déjà, c’est une grande surprise. Alors que les personnes rencontrées à droite à gauche lui répondent que pour elles, c’est être bien et ne pas être malade, les matahiapo répondent : « Quand je suis bien et que je peux travailler. » Elle se rend compte aussi que le mot « santé » tel qu’il s’entend en français n’a pas vraiment d’équivalent en tahitien, ce qui pose des problèmes de compréhension. Elle réalise ne pas être totalement d’accord avec certaines vues de la culture polynésienne : « On dit qu’ici les gens sont fatalistes, mais je n’aime pas ce terme, je pense qu’ils ont leur manière d’accepter la vie, la mort et d’accepter de ne pas pouvoir tout maîtriser. » Pour elle, les matahiapo refusent parfois le soin car ils considèrent qu’ils ont fait leur temps et surtout ils veulent mourir sur leur île. « Ma thèse dit qu’il faut savoir écouter, ce n’est pas parce qu’on parle…
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