
Photo : Tevahitua Brothers ©
Membre du jury du Heiva i Tahiti pour la troisième fois, chorégraphe et chef de la troupe Teva i Tai, membre du comité du Tourisme de Taiarapu-Ouest et responsable des célébrations culturelles pour les Jeux Olympiques… Les journées de Heimoana Metua sont bien chargées. Mais elle n’y changerait rien. Car tous ses engagements ne visent qu’un objectif : faire briller sa Presqu’île. Et si c’est par la culture, c’est encore mieux !
Heimoana et notre culture, c’est une grande histoire d’amour qui prend racine dans son enfance. Avec sa grand-mère d’abord, qui chantait parmi les Tamarii Mataiea. Elle se rappelle encore l’avoir accompagnée au Heiva, à l’époque où celui-ci se tenait à Tarahoi. Puis avec son père, Pierrot Metua, président de la troupe de danse Hei Tiare, de la Presqu’île, avec qui elle a fait son premier Heiva à l’âge de 14 ans. L’événement avait alors lieu à Vaiete. Depuis cette première expérience de la scène, Heimoana a continué de danser avec des groupes de la Presqu’île, d’où son père est originaire ; un groupe de Faa’a, Te Taure’a no Faa’a, le temps d’un Heiva ; mais aussi chez de grandes dames du ‘ori tahiti : Moeata Laughlin et Makau Foster. « Elles ont été un petit peu mes mentors. »
En 2001, la troupe Teva i Tai voit le jour. « Mon père en est le président depuis sa création. Ce n’est pas un groupe familial, le reste des membres sont des passionnés qui ont bien voulu nous rejoindre. Mais c’est vrai qu’il y a eu des années où toute la famille a été dans le groupe parce que ma mère chantait, mon frère était musicien et ma sœur dansait aussi. » En 2005, Heimoana commence à s’engager dans les coulisses de la troupe, d’abord en tant qu’adjointe du chorégraphe de l’époque, Arai Paheo. « Ça n’a pas été facile, c’était assez prenant, se souvient-elle. Là, j’ai découvert les tracas d’un chorégraphe parce que, en tant que danseuse, souvent on râle parce qu’on se fait engueuler pour un rien. On ne comprend pas les sautes d’humeur du chorégraphe et toute la fatigue qu’il y a derrière. » En 2007, elle renouvelle l’expérience au côté de Christian Wang, un autre chorégraphe de la Presqu’île avec qui ils ont emmené Teva i Tai au Heiva et d’où ils sont rentrés avec le 4e prix en catégorie Patrimoine.
Cette même année, Heimoana ouvre son école de danse Hei ‘Ori, suite à deux constats. « J’ai longtemps travaillé dans l’administration à Papeete et ma Presqu’île me manquait, confie-t-elle. Je voulais y retourner. Ensuite, avec Teva i Tai, on a eu beaucoup de mal à trouver des danseurs à la Presqu’île pour aller au Heiva cette année-là. Il était important pour moi de venir pallier ce manque en ouvrant une école de danse aussi bien pour les filles que pour les garçons. Mon objectif avec cette école de danse était de former les futurs danseurs du Heiva, mais aussi d’apprendre aux danseurs à confectionner leurs costumes. Parce que je venais de l’école de ma mère, qui me disait que quand tu danses, tu sais faire ton costume ! Ma maman n’a pas pu faire de ‘ori tahiti parce que, en son temps, c’est quelque chose qui était interdit, qui n’était pas bien pour les jeunes filles. Elle m’a transmis son amour du ‘ori tahiti et elle m’a toujours accompagnée dans tout ce que je faisais. Elle a été cet œil bienveillant, mais en même temps critique, qui m’a construite dans le ‘ori tahiti. »
Heimoana continue son bout de chemin entre son école de danse, la troupe Teva i Tai, dont elle a pris la direction, ainsi que les concours pour lesquels elle est appelée à siéger parmi les membres du jury. Au Hura Tapairu d’abord, à deux reprises, au Heiva i Tahiti pour la troisième fois cette année, mais aussi au Heiva Taure’a depuis la création de l’événement. C’est pour le Heiva i Tahiti de 2011 que son nom est proposé pour la première fois. « Je ne vais pas mentir, ça a longuement débattu parce que j’étais jeune. J’avais 32 ans. En plus de ça, le nom de mon père avait également été proposé, donc ça dérangeait que père et fille soient dans les membres du jury. Mon père a préféré se retirer pour que j’y reste. Malgré cela, ça a été une très belle expérience. Pas facile, parce que dans le monde de la culture, il faut pouvoir également s’imposer. Et à ma grande surprise…
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