C’est au bord de l’eau, dans l’eau et sous l’eau qu’il est le plus à l’aise. Observant tout ce qu’on ne voit pas, s’intéressant aux plus petits détails de l’écosystème pour toujours mieux comprendre comment la nature fonctionne. La vie marine l’a envoûté.
C’est devant la mer que Vetea Liao raconte sa passion de la biologie marine. Amoureux de la nature, il n’est pas très à l’aise en ville. Il a toujours vécu près de la mer, grandissant avec un père amateur de pêche sous-marine qui l’initie à ce monde étrange qui le fascine. « Mon père m’expliquait : tel poisson va venir à tel endroit, à telle heure il y a les bancs de telles espèces, à tel moment les courants vont changer. C’étaient des connaissances empiriques fascinantes. » Il commence au bord de l’eau avec le fil nylon et puis finit par accompagner son père dans l’eau avec un fusil. « La pêche te pousse à observer ce qu’il se passe, mais il y avait des limites car je ne savais pas comment les écosystèmes fonctionnaient, quelles étaient les relations entre les coraux et les poissons, j’avais envie d’en savoir plus et de trouver un métier qui me permette d’être en contact avec la mer. » Après des études à Cherbourg sur l’aquaculture, l’océanographie et l’environnement marin, il part en Australie étudier les récifs. La grande barrière de corail est une grande découverte : « J’ai plongé dans des endroits qui étaient de véritables aquariums. C’était surprenant, magnifique. C’est là-bas que j’ai vraiment pris goût à la plongée en bouteilles. Plus j’en apprenais avec mes cours, plus mon regard changeait. Je commençais à comprendre ce que je voyais. » Une question commence alors à tourner en boucle dans sa tête : quel est mon impact à moi sur les récifs ?
Quand il rentre, il annonce à son père que désormais tout ce qui sera pêché, sera pesé, mesuré, identifié. Des carnets qu’il remplit à chaque sortie et qui vont changer beaucoup de choses. « Je connaissais le poids des poissons pêchés, les espèces, les différences entre mon père et moi. Je me suis mis mes propres règles pour limiter mon impact, en diminuant les prises de certaines espèces. Et au-delà des données de pêche, je notais aussi tout ce que je voyais sous l’eau : les espèces rencontrées, les comportements de reproduction… » Au bout de quelques temps, ces carnets se transforment en documents en ligne sur internet pour mieux conserver les informations. Ces différents postes l’entraînent aussi sur d’autres aventures marines : le suivi d’une lagune aménagée par l’association Te Mana o te Moana à l’InterContinental de Bora Bora, le projet biocode avec la station Gump à Moorea où l’objectif est d’échantillonner toutes les espèces vivantes de l’île, l’accompagnement d’un ami qui lance une ferme aquacole à la Presqu’île, puis le Canada où il travaille sur l’Arctique. « J’ai découvert notre biodiversité qui était insoupçonnée pour moi, pris goût à vulgariser les sciences pour les expliquer au public. Au fenua Aihere, j’ai vécu sous une tente, sans eau ni électricité, c’était exceptionnel. C’est là-bas que j’ai commencé à faire de la photo. »
De retour du Canada, il travaille au Criobe sur le suivi des récifs coralliens et c’est là, qu’en 2014, complètement par hasard, il voit quelque chose d’extraordinaire sous l’eau. « C’était le 11 novembre, je suis parti à la pêche et j’ai vu ce nuage…
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