Teva Poirson est agriculteur à la Presqu’île depuis trois ans. Il travaille à développer une exploitation de 15 hectares sur laquelle il souhaite également établir un centre de formation pour transmettre et faire perdurer les pratiques agricoles ancestrales.
C’est littéralement dans les nuages, sur les hauteurs de Puunui à la Presqu’île, que nous avons rencontré Teva Poirson. Ce matin-là, le ciel était triste et la brume avait recouvert son fa’a’apu, que l’on peut habituellement apercevoir de la terrasse de sa maison. Mais l’accueil de Teva n’avait rien à voir avec le mauvais temps. Lui est plutôt solaire, avec ses yeux pétillants et son sourire généreux.
Cela fait trois ans qu’il s’est lancé, avec sa mère, dans la culture de la terre. Mais pas n’importe comment. « Je suis un agriculteur engagé dans la préservation de nos pratiques culturelles et surtout de l’agriculture locale. On a 15 hectares de terre, dont 4 hectares exploités en ce moment. Sur ces 4 hectares, on a planté des tāmanu, des ‘uru, des citronniers, des pitayas, des avocats, des salades, des tomates, des pastèques… On a une serre où on plante beaucoup de fleurs pour pouvoir arborer un petit peu le paysage du fa’a’apu, pour que ça soit assez joli aussi. Parce qu’un fa’a’apu, ça ne doit pas forcément être de la boue partout, ça doit être organisé, joli. Et puis il faut être assez intelligent dans la façon de penser et la façon de faire aussi. Donc laisser des espaces entre les arbres pour pouvoir passer le gyrobroyeur, l’autoportée, la débroussailleuse… Il faut protéger les pieds pour ne pas les abîmer avec la débroussailleuse. Parce que 4 hectares, c’est grand, donc au bout d’un moment, tu es un peu fatigué de passer la débroussailleuse, rigole-t-il, et tu peux couper facilement ce que tu as planté. C’est toute une organisation. »
Le sport dans l’âme
Teva a 27 ans. Avant que sa mère, autrefois professeur de physique-chimie, ne décide de changer de vie pour se lancer dans le fa’a’apu en embarquant son fils dans l’aventure, Teva se voyait plutôt travailler dans le domaine du sport. « À 18 ans, j’ai fait mes études en France. J’ai fait STAPS, j’ai eu ma première année de licence, mais j’ai dû arrêter en deuxième année parce que je n’avais pas beaucoup de moyens financiers. Du coup, je suis rentré à Tahiti et j’ai fait des petits boulots par-ci par-là, des boulots de serveur, de maçon, de community manager. Ensuite, je suis reparti en France passer mon diplôme de BPJEPS APT et quand je suis revenu, maman m’a dit : “Allez on se lance !”. Et j’ai dit : Bon ben, je ne pourrai pas trop utiliser mon BPJEPS au fa’a’apu…, confie-t-il avec humour. Elle m’a dit que ce n’était pas grave, que le fa’a’apu c’est l’avenir de la Polynésie française. Du coup j’ai dit : OK maman, je veux bien t’aider.
Pendant un an, je l’ai aidée. Elle était à fond, et moi un peu à reculons parce que je ne voulais pas trop faire ça. Et puis en fait, c’est un métier qu’il faut pratiquer pour pouvoir…
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