Amoureux de la nature et passionné de photographie, Temoana Poole a su réunir tout ce qu’il aime dans son art. Il réalise des tableaux de paysages terrestres et sous-marins du fenua qui connaissent un certain succès ici et dans le monde. Rencontre avec un enfant de Moorea qui vit sa vie au gré du vent.
La rencontre est plutôt atypique pour une interview. Mais en y repensant, elle est parfaitement à l’image de Temoana Poole, sans prise de tête. Le jeune homme de 31 ans vit sur Moorea, une île qui l’a également vu naître et grandir. On convient de se rencontrer lorsqu’il descendra sur Tahiti. Ce jour-là, je le récupère à la gare maritime. On n’a pas vraiment d’idée sur un lieu où on pourrait se poser, et Temoana doit récupérer des tableaux chez son imprimeur, à Punaauia. C’est ainsi qu’on se retrouve à jouer au jeu des questions-réponses en voiture, profitant du trajet aller-retour pour en apprendre plus sur lui.
Si son nom de famille vous dit quelque chose, c’est sûrement parce que vous avez déjà entendu parler de son père, le biologiste marin Dr. Michael Poole, à qui l’on doit de nombreuses connaissances sur les baleines à bosse qui fréquentent nos eaux. Temoana l’accompagnait parfois dans ses recherches. Des aventures qui lui ont laissé un souvenir indélébile. « Depuis petit, tous les jours, ma garderie c’était la mer ou la brousse derrière chez nous, confie Temoana. J’ai vu tellement de belles choses dans ces éléments de la nature, des images que j’ai toujours aujourd’hui dans ma tête. Et la première fois que j’étais à l’eau avec les baleines, j’avais 3 ans. On était avec trois baleines dans l’eau, des dauphins qui leur tournaient autour et il y avait des rayons de soleil dessus. J’étais tout jeune, et pourtant ça s’est imprégné dans ma mémoire. »
À 11 ans, son père lui achète son premier appareil photo. C’était encore l’époque des pellicules à développer. « Je shootais de tout. Je faisais des mises en scène avec mon petit-frère, nos petits chiots, se rappelle-t-il, enthousiaste. Et puis j’ai tellement shooté de pellicules qu’à un moment papa m’a dit : “Hey ! Calm down !” (Calme-toi, ndlr), confie-t-il en riant. J’ai toujours mes albums de mes premières photos. J’écrivais même une légende à côté. J’ai trouvé ça carrément magique de pouvoir capturer ces images et de les avoir physiquement. »
Les années passent. Et un soir de pleine lune rouge, Temoana fait une rencontre importante pour la suite. « J’allais chez un collègue à vélo pour qu’on regarde la lune de son toit. Et puis j’ai vu un gars en bord de route avec son trépied et son appareil photo. » Il n’en fallait pas plus pour que Temoana aille entamer la conversation. Une chose en entraînant une autre, Temoana finit par travailler pour lui. Il s’agit de Teva Murat. « Il m’a dit, si tu veux, tu bosses pour moi et je t’apprends les bases de la photo. C’est comme ça que j’ai commencé. Il m’a passé son appareil photo, il m’a montré comment prendre des photos en mode manuel. Et j’ai appris un peu plus chaque jour. Travailler avec lui m’a permis d’économiser pour acheter mon propre appareil, mes propres objectifs, mon propre caisson sous-marin, mon ordinateur. »
« J’ai mis des années à découvrir mon style de photo. Une de mes muses à Moorea, c’est Mou’a Roa, c’est la montagne qu’on avait sur nos pièces de 50 francs et 100 francs. Et mon premier job en tant que
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