Après deux participations aux J.O. ratées de peu, il va tout faire pour participer à ceux de 2024, à Paris. Son record de saut en longueur, sa spécialité, est de 8,22 mètres et il faudra gratter encore 5 centimètres pour assurer sa qualification. « Je vais tout faire pour y arriver », assure-t-il en souriant.
Qu’est-ce qui t’a amené à l’athlétisme ?
Je suis né à Moorea et c’est mon professeur de sport du collège de Paopao qui m’a payé ma première licence d’athlétisme et qui m’amenait aux compétitions à Tahiti. Je ne voulais pas y aller au départ parce que je faisais plein d’autres sports à côté : basket, volley… Mon père est triathlète alors je nageais, je faisais du vélo et je courais, avec lui. Je n’avais jamais vu l’athlétisme comme un sport principal.
Comment se sont passées ces premières compétitions ?
Je faisais un peu de tout : le 100 mètres, le saut en longueur, en hauteur, je complétais le 4×60 mètres… J’ai de bons souvenirs. On était l’équipe de Moorea contre les gens de Tahiti, c’était amusant ! C’est Véronique Boyer qui m’a donné ma première paire de chaussures à pointe et un jour, j’arrivais tout juste de l’église, j’étais encore en short, polo, et j’ai gagné la compétition avec 6,54 mètres. J’ai battu le record de Polynésie dans ma catégorie ! Mes parents ont commencé à m’encourager à m’y mettre plus sérieusement.
Quand as-tu décidé de t’y mettre vraiment ?
C’était lors d’un meeting international organisé à Pater où plusieurs grandes personnalités de l’athlétisme étaient venues. Il y avait Lamine Diack, ancien président de la Fédération internationale d’athlétisme, et aussi un sauteur en longueur. Après cette compétition, il m’a proposé un scholarship : une bourse pour financer ma carrière sportive. C’était l’occasion pour moi d’aller en Australie et m’entraîner là-bas. Mais au début, je ne voulais pas y aller, je ne voulais pas partir du fenua ! Ma sœur m’y a poussé. Effectivement, c’était une belle opportunité. Je me dirigeais vers une carrière sportive professionnelle. J’y suis resté deux ans après le bac.
Et puis il y a une première blessure…
Après les deux ans en Australie, je suis rentré à Tahiti faire les mini-jeux, les Jeux du Pacifique et les Oceania. J’ai atteint un nouveau record : 7,54 mètres. Aux Jeux du Pacifique, j’ai rencontré Dominique Hernandez, mon coach actuel, qui était venu en tant que cadre technique de l’équipe de Tahiti. Les premiers jours ensemble n’ont pas été faciles !
J’étais habitué à d’autres types d’entraînement… Il a fallu s’adapter. Mais après ces compétitions, je fais une chute en vélo et mon tendon d’Achille est sectionné aux deux tiers. On m’opère sur Tahiti. Tout s’arrête. Toute ma carrière sportive retombe à zéro. C’est une véritable épreuve. Mais la présidente de la Fédération d’athlétisme a discuté avec Dominique Hernandez pour que j’intègre le Creps de Toulouse, même avec cette blessure. Ils avaient vu mon potentiel.
C’est le début des podiums en France ?
Le Creps c’était une structure super : tout est pris en charge, il y a un stade couvert, il y a un staff complet. Ils m’ont encouragé. Dominique Hernandez, aujourd’hui, c’est comme mon deuxième père ! Dès la fin de la première année, je fais 7,96 mètres en catégorie espoir. Je passe 1er du classement français. Avec les élites, je suis aussi sur le podium. En 2016, je bats encore mon record avec 8,02 mètres et je gagne les Jeux du Pacifique avec 8,14 mètres. L’objectif était donc d’atteindre 8,20 pour être qualifié aux Jeux Olympiques de Rio. J’étais en plein exercice quand mon tendon d’Achille a lâché. Il était…
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