Le visage face au soleil, un sourire serein et une fleur à l’oreille, Ben, comme tout le monde l’appelle, a le regard posé sur son passé et confiant en l’avenir. Dans un livre titré à son nom, il se raconte, passant des curés aux personnalités, des gendarmes à la vie quotidienne, de la naissance de Motu Haka au renouveau culturel marquisien.
Parce qu’il faut commencer par le début, Benjamin Teikitutoua raconte les Marquises de son enfance et sa première fois à l’école. « J’avais 9 ans. Il n’y avait pas d’école dans les vallées, mais les missionnaires catholiques ont pris la responsabilité de scolariser les enfants et nous, les garçons, sommes partis en pensionnat à Nuku Hiva. J’ai appris à lire, écrire, parler en français. » C’est dans le showroom des éditions Au Vent des îles que Ben présente son livre, écrit par son ami Loïc Josse, et tout de suite ses talents de conteur nous emporte dans une autre époque. « Dans ces années-là, il y avait de la publicité pour l’école normale alors j’y suis allé. J’avais 18 ans et aucune notion de notre culture. Les vieux dansaient ou chantaient parfois, mais on les prenait pour des fous et on riait de les voir faire la danse du cochon. Les curés bien sûr s’indignaient : voilà les païens. » Nous sommes entre 1960 et 1970 et seule la langue marquisienne est bien vivante. Et Monseigneur Le Cleac’h arrive… « Au bout de deux ans, il parle la langue marquisienne. À l’époque, on priait en latin et un peu en français, on répétait des mots. Il traduit la messe en français puis en marquisien ! » Cet homme d’une Église « qui a condamné la culture marquisienne » prend à revers le travail de ces prédécesseurs (l’évêque Dordillon avait édité un code interdisant tout ou presque de la culture marquisienne, mais également écrit une grammaire et un dictionnaire de la langue marquisienne) et encourage les Marquisiens à « vivre leur culture ».
L’évêque organise une première rencontre des forces vives marquisiennes et désigne Ben et deux de ses collègues les responsables de la culture. « La culture ? Mais nous ne sommes pas…
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