Sylvie Largeaud-Ortega, SeL de son nom d’artiste, fait résonner les maux de la Terre et donne à sa peinture et à son écriture la force de son engagement pour l’environnement.
«Ils me font saigner / Ils m’irradient / Ils me dynamitent / Ils me forent / Ils me mazoutent / Ils me plastifient / Ils m’aci-difient… » Artiste depuis toujours, Sylvie Largeaud-Ortega, SeL, écrit et peint depuis toute petite. « J’étais d’un milieu modeste et mes parents étaient terrorisés à l’idée que je devienne artiste, ils ne m’ont pas encouragée dans cette voie, mais m’ont poussée à l’école, d’autant que j’étais une bonne élève. » Mais la peinture exprime ce qu’il y a de plus profond en elle. « Quand je peins, plus rien n’existe. Je suis presque en transe ! Je peux y passer des heures sans m’en rendre compte. Quand j’arrête, je suis épuisée, j’ai mal partout. » Elle croque sur le vif puis travaille ses aquarelles à partir de son dessin. Née au Sénégal, elle y a passé toute son enfance et adolescence jusqu’au bac. Arrivée en France pour ses études, elle ne pense qu’à l’Afrique. Elle y retourne pendant une année, avec ses deux enfants, en mère célibataire, et vit de sa peinture. Elle vit chichement, mais c’est une des plus belles années de sa vie, explique-t-elle avec le sourire. Puis elle arrive à Tahiti en 1999, où elle a obtenu un poste à l’université.
Elle passe son doctorat, devient maître de conférences et vient tout juste de réussir à décrocher sa place comme professeure des universités. Spécialiste en littérature anglophone du Pacifique et dans les humanités environnementales, elle se passionne pour la région et s’engage professionnellement et personnellement pour le fenua. « J’ai conscience d’être une invitée ici et d’être accueillie par les Polynésiens. J’ai un sentiment de responsabilité, de devoir, de reconnaissance et de réciprocité. Je veux apporter aussi, contribuer au patrimoine. » Elle peint les îles, des bords de plage, des personnes… Puis cela évolue vers des choses plus abstraites, avec moins de contours. Ses aquarelles sont presque transparentes, évanescentes… Elle veut faire rimer sa peinture avec son engagement pour l’environnement. Ces figures allégoriques, accompagnées de textes, racontent la planète, l’Océanie, le rapport à la terre, à la mer, la sacralité de l’environnement endommagé par notre société matérialiste. « J’envoie des signaux d’alerte. Il faut mobiliser tous les domaines, dont l’art, et fédérer toutes les forces vives, tous les esprits, tous les bras ! » Sylvie a bien conscience que les actions à son échelle…
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