Un oncle fondateur de l’atelier Prokop, un cousin expert dans la gravure, un autre qui tient la galerie Au Chevalet… Melissa est sans doute née avec le goût de l’art. Le dessin a toujours fait partie de sa vie et aujourd’hui, elle aime tester de nouvelles matières et de nouvelles techniques. En ce moment, la résine et l’horizon occupent son esprit.
C’était une grande première : l’illustration d’un livre pour enfants. Quand Sylvia Rouffet Véronique vient en vacances à Tahiti, elle tombe sous le charme et rentre en France avec une histoire en tête. C’est en cherchant un illustrateur qu’elle trouve Melissa Prokop. Ses œuvres lui plaisent et Melissa est tout de suite partante pour illustrer l’histoire. Le dessin, cela fait longtemps qu’elle en fait, elle ne se souvient même pas trop comment tout ça est venu… Certes, la famille Prokop réunit beaucoup d’artistes, son propre père dessine aussi, mais elle a grandi loin de tout ça puisqu’elle vivait en France et en Allemagne. « C’est peut-être le fait de créer quelque chose et susciter une émotion. Aujourd’hui, créer c’est comme méditer, tu oublies tout le reste, tu es dedans, concentrée et ça fait du bien. » Sa famille revient s’installer au fenua, elle est adolescente et commence le lycée. Tahiti ne lui plaît pas vraiment : c’est petit, il n’y a rien à faire, trouve-t-elle. Après son bac, elle repart en France étudier et c’est là que la culture polynésienne va doucement se distiller en elle. L’association des étudiants polynésiens est très active et elle est à fond !
Du côté des études, la filière arts plastiques qu’elle avait choisie ne la satisfait pas : « J’ai appris beaucoup de techniques, mais les notes sont très subjectives. Alors que tu mets tout ton cœur, les profs te descendent et quand tu rends quelque chose à la va-vite, c’est super… Je savais qu’ils avaient un regard aiguisé, mais je trouvais parfois leurs commentaires ridicules. » Ce sera donc l’anglais avant finalement de passer un concours et de devenir hôtesse de l’air. Son stage qui devait s’achever par une embauche se termine mal : les attentats du 11 septembre 2001 freinent tout le développement de l’aérien, mais Air Tahiti Nui embauche. « C’était un signe ! Il fallait que je rentre. » En arrivant au fenua, elle ressent le besoin de « mettre les mains dans les couleurs, la matière » et commence la peinture. Elle achète des toiles, des tubes et se lance. « Au début c’était pas terrible… J’ai appris petit à petit, en expérimentant. C’est comme ça qu’on trouve son style aussi. » Elle fait des scènes de vie, des natures mortes, du figuratif, mais se perd dans les détails. « Je voulais quelque chose de plus spontané, mais je ne pouvais pas m’empêcher d’aller dans le détail. Ça a été une bataille de libérer le trait, de mettre des formes sans les enfermer. Et puis si on peut créer, pourquoi reproduire à toute force la réalité ? » La libération s’est faite…
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