Faut-il et comment parler avec son adolescent de son couple ? Les parents doivent-ils intervenir ou non dans la vie de ce couple adolescent ? Et comment ? Quelles limites poser ? Des questions que beaucoup de parents se posent.
Flirt ou relation sérieuse ?
Que vous l’ayez appris de sa propre bouche ou par inadvertance, vous découvrez que votre adolescent fréquente un(e) copain/copine avec qui il passe le plus clair de son temps libre. En êtes-vous inquiet(e) ? Troublé(e) ? Enjoué(e) ? Quel que soit votre ressenti, essayez de le clarifier car cela va sans doute réveiller votre propre vécu et influencera votre position, vos discours et les messages que vous communiquerez à votre adolescent. Par ailleurs, il est important de différencier la nature de la relation de votre ado : en effet, un flirt n’est pas aussi engageant qu’une relation sérieuse qui s’inscrit plus dans le temps. Les flirts peuvent rapidement se terminer et les questions qui se posent sont différentes des relations plus « sérieuses ». Essayez donc d’abord d’en savoir un peu plus.
Qu’en est-il du couple adolescent ?
Pour bien se situer, il faut comprendre que le couple adolescent a ses particularités et se distingue du couple adulte. Tout d’abord, il est exploratoire : l’adolescent ne se connait pas encore tout à fait et à travers la relation amoureuse, se découvre. Il ajuste ses goûts, ses limites et affine ses sentiments : en différenciant attraction et sentiment amoureux, amitié et amour, promiscuité et intimité…
L’adolescent est aussi dans une quête d’émancipation et le couple peut en ce sens devenir un refuge, un échappatoire aux relations conflictuelles avec les parents : combien de jeunes adolescents se sont lancés à corps perdu dans une relation pubère pour ensuite se rendre compte qu’ils n’y étaient pas préparés. Quel danger pour ces jeunes de 13, 14 ou même 16 ans qui cohabitent déjà chez leur copain/copine « comme des adultes » alors qu’il n’en ont clairement pas encore la maturité et la capacité d’assumer les enjeux d’une relation amoureuse ! Un parent devrait pouvoir le freiner dans ses élans insouciants pour lui éviter de se « brûler les ailes » plus tard…
Le couple adolescent est aussi plein de désir de toujours et d’amour avec un grand « A » et c’est bien là le grand paradoxe de l’adolescence : l’aspiration à vivre d’absolu, y compris dans leurs relations sentimentales : ils rêvent « d’amour-toujours », vivent aveuglément leurs premiers émois et veulent croire à une fidélité sans faille.
Faut-il intervenir ?
Evidemment que oui : le parent a la responsabilité de son enfant jusqu’à sa majorité et même si la relation de couple concerne l’intimité, il n’empêche que le parent a un rôle de protection et d’éducation qui concerne aussi cette dimension. Votre enfant, bien qu’il puisse penser le contraire, a encore besoin de votre présence rassurante et des repères que vous lui donnerez. Le tout est de trouver comment le faire de façon suffisante, mais pas trop intrusive. Car beaucoup d’adolescents sont persuadés (sincèrement !) d’être tout à fait prêts à affronter tous les défis de la vie amoureuse ; cependant beaucoup, malheureusement, en font les frais et sous-estiment la souffrance que parfois celle-ci peut causer ; en particulier à un âge où la sensibilité est à fleur de peau et où l’on n’a pas encore appris toutes les règles de prudence en ce domaine.
Comment intervenir ?
• Remplacez les grands principes par des décisions personnelles et assumées. Cherchez la façon la plus juste et raisonnée de vous conduire avec votre ado sans vous cacher derrière des principes moraux ou des recettes qui ont marché pour d’autres : en ce domaine, vous devez faire vôtres les règles que vous posez car la vie amoureuse ne tolère aucune tricherie et votre adolescent y sera attentif.
• Soyez sincère. Parlez-lui de vos inquiétudes, de vos souhaits, de vos valeurs, de ce qui motive telle interdiction ou règle. Il vous comprendra d’autant mieux qu’il aura compris le sens de votre action ou décision.
• Faites-lui confiance (en dépit de vos doutes et craintes). Et n’oubliez pas de lui rappeler qu’il ne s’agit pas de mettre en cause sa capacité à discerner ou agir, mais plutôt de l’aider à mieux vivre sa vie amoureuse. Et devant le classique « tu ne me fais pas confiance ! », opposez-lui le fait que la confiance se gagne peu à peu et que les règles s’assoupliront au fur et à mesure que votre confiance grandira. Rappelez-lui aussi toutes les fois où vous avez fait preuve de confiance et aussi que c’est votre rôle de le protéger (et non de l’empêcher de vivre sa vie).
• Rappelez-vous que pour un ado, la vie amoureuse est très importante : car elle lui permet de se sentir désirable, aimé et ce sentiment l’aide à affermir son estime de lui-même. De plus, elle le prépare à ses futures relations sentimentales et l’aident à développer des compétences relationnelles et émotionnelles, précieuses pour sa vie future.
Des pistes pour aborder la sexualité avec votre ado :
• Ne rapportez pas systématiquement la discussion à votre propre expérience. Cet anachronisme ne donnera que peu de valeur à ce qu’il vit : étant persuadé que « les temps ont bien changé depuis votre adolescence » et que « vous ne pouvez pas comprendre ce qu’il vit aujourd’hui », étant d’une autre génération !
• Ne refaites pas le cours de SVT (Sciences et vie de la Terre). Votre ado attend moins des explications sur le fonctionnement des appareils génitaux qu’une écoute bienveillante et patiente ; qui l’aidera à traverser les aléas inévitables de la vie amoureuse.
• Ne soyez pas trop intrusif : même si la curiosité vous pousse à vouloir connaitre les détails de sa relation amoureuse, retenez-vous. Les adolescents ont une certaine pudeur à parler de leurs histoires sentimentales. Respectez-le.
• Acceptez de ne pas tout savoir : comme pour les adultes, les enfants ont leurs petits « jardins secrets » et ne racontent pas tout à leurs parents. Et c’est bien.
• Si vous décidez de discuter avec votre ado il est important de choisir le bon moment. Celui où vous vous sentirez prêt à écouter, avec patience et disponibilité.
Article rédigé par Nathalie Colin Fagotin – Familipsy
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