Comment, au sein de la famille, faire face à l’annonce d’un cancer ? Comment les membres de la famille peuvent être un soutien à la personne malade ? Et qu’est-ce que ce soutien peut lui apporter ?
Une maladie solitaire ?
L’annonce d’un cancer du sein retentit comme un séisme pour celle qui le vit. L’impact est énorme et se vit au niveau personnel pour commencer. Il vient secouer toutes les représentations que l’on a pu se faire sur soi, la vie, l’avenir, et laisse souvent celle qui le vit dans un grand désarroi. À ce titre, la maladie se vit d’abord seule et pour certaines femmes, l’annonce aux proches est un obstacle quasi insurmontable… Pourquoi ? Parce que ne pas parler de la maladie, c’est faire perdurer un semblant de vie « normale », c’est ne pas la laisser prendre le devant de la scène, c’est peut-être aussi se persuader que tout cela n’est qu’un affreux cauchemar qui va finir par disparaitre. Et puis, il y a les peurs qui vous tenaillent : comment vont réagir enfants et conjoint ? Vont-ils s’en remettre ? Vont ils rester, partir ? Nous aimer tout autant ? Ne risquent-ils pas de nous voir comme un être faible, comme une « malade » ? Autant de questions qui véhiculent des craintes légitimes, mais qui rendent difficile l’annonce à la famille. Et pourtant, est-ce un choix sain que celui de garder pour soi cette terrible nouvelle ? Même si les intentions sont nobles – vouloir épargner sa famille, rester forte malgré tout, assumer seule le drame – vivre la maladie en solitaire, c’est se priver de chances de bénéficier d’un atout précieux : le soutien familial.
Qu’apporte le soutien familial ?
Le premier intérêt est de sortir de la solitude face à la maladie. Bien sûr, il restera que le cancer touche personnellement celle qui le vit, mais l’affronter en famille, c’est comme en faire un terrain de bataille commun, ne plus se sentir seule dans le combat contre le cancer. Les proches, dans la mesure où les relations sont équilibrées, vous feront bénéficier de leur affection, leur soutien moral, leur compréhension. Ils pourront vous aider dans les aspects matériels, logistiques et psychologiques. Matériel parce que le traitement vous fragilisera inévitablement ; ce qui diminuera une partie de vos capacités au quotidien, en particulier après certains traitements. Pouvoir être relayée sur les tâches quotidiennes peut être un véritable soulagement. Logistique car l’organisation familiale sera remodelée et des contraintes nouvelles vont s’imposer à vous (autour des soins notamment) : pouvoir vous concentrer sur votre corps, vos besoins, les soins à apporter sera un atout important pour la rémission et demandera à ce que l’organisation soit revue afin de libérer du temps pour cela ; à condition d’accepter de se laisser aider. Les rôles et responsabilités seront donc amenés à évoluer en fonction de l’âge et des capacités de chacun. Psychologique également quand ils vous communiqueront leur espoir, leur envie de vivre et vous voir vivre, quand ils vous écouteront sans vous juger dans les moments difficiles, quand ils seront présents chaque jour à vos côtés, dans les bons et les mauvais jours, quand ils vous manifesteront leur amour, chacun à leur manière et que cette affection vous portera. Quand enfin, ils vous regarderont avec bienveillance et amour quand votre corps subira les méfaits de la maladie et de son traitement, ce qui vous aidera à maintenir votre estime de vous-même…
Quand on est atteinte d’un cancer du sein, il serait déraisonnable de se priver du précieux soutien familial mais pour cela, accepter d’être soutenue et de se faire aider peut être un véritable défi personnel pour certaines…
Vivre en famille le cancer du sein : ça passe ou ça casse !
Bien que la maladie soit « personnelle », il n’en demeure pas moins que ses répercutions vont aussi toucher les proches qui vivront le drame à partir de ce qu’ils sont, leur histoire, et leur capacité à « encaisser » la maladie. Il s’agira bien de faire front ensemble à cette maladie qui vient semer le chaos dans votre famille. Oser s’exprimer, parler de ses peurs, du cancer et de ses conséquences, de ses besoins aussi… Le cancer ne doit pas être un sujet tabou dans la famille, au risque de lui donner un pouvoir supplémentaire qui n’aidera pas à le combattre.
Le constat est que la maladie peut ou finir de déliter les liens familiaux (déjà fragilisés), ou les renforcer. Quoi qu’il en soit, on ne ressort pas indemne d’une telle épreuve. Il y a un « avant » et un « après ». Mais on n’échappe pas à la mise en exergue des difficultés ou dysfonctionnements familiaux qui apparaissent au grand jour, comme si la maladie avait joué un rôle de révélateur. Faire de la maladie une occasion de faire la vérité sur une relation ou un passé peut être un choix et une façon d’en sortir réellement victorieuse…
La famille a ses fragilités
Tout attendre, comme un soutien indéfectible, de sa famille peut comporter un risque : celui d’être déçue. Vos proches ont leurs fragilités, leurs ressentis, leurs propres angoisses… Il ne pourront pas forcément avoir l’attitude que vous attendez d’eux, malgré leur bonne volonté. C’est pourquoi, il est important de vous donner des moyens autres qui peuvent vous apporter un soutien : accompagnement psychologique par un professionnel, groupe d’entraide, professionnels du soin, spécialistes… Votre famille est un soutien précieux, le premier par son importance, mais pas le seul !
Article rédigé par Nathalie Colin-Fagotin
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