En 2020, le ministère de l’Équipement a sollicité la Direction de la culture et du patrimoine pour rénover les panneaux signalétiques des rivières de Tahiti. Natea Montillier et Toanui Viriamu ont donc recherché les noms des rivières puis sont allés pointer 70 d’entre elles sur le terrain pour enregistrer leurs coordonnées GPS et indiquer leurs noms sur de nouveaux panneaux signalétiques au croisement des routes.
Retrouver leurs noms a été l’objet d’un long travail de recherche basé sur les anciennes cartes, les données ethnographiques, les livres, les articles et le nom des terres. « On ne peut pas toujours remonter jusqu’à la raison du nom d’une rivière. À Papeari, il y a une rivière qui s’appelle Tita’aviri qui fait référence à la légende d’un requin qui s’est tordu de douleur. « Ta’aviri » signifie tourner, tourner sur soi-même. Ce nom-là a remplacé l’ancien nom qui était Vaimā, la rivière propre. Dans une légende, il y a toujours une deuxième lecture, le requin peut représenter un fils rejeté par sa famille et pour marquer cette histoire, on change le nom de la rivière. Il y a toujours une signification au nom d’une rivière. Mais cela demande un travail de terrain pour vérifier nos traductions auprès des anciens et leur demander les légendes », avait expliqué Natea Montillier dans le magazine Hiroa. Parfois, certaines rivières ont pris le nom de la vallée quand leur nom d’origine a été oublié. « Une des limites les plus connues était celle entre Papeete, alors appelé Pare, et Faa’a. Autrefois, la limite entre elles, était la source Paofai avec un grand tumu ‘ōrā. Cette source a été recouverte, elle est sous le parking de Paofai. C’est important d’avoir les noms d’une rivière car elle faisait partie de l’identité, de l’histoire de la chefferie », indiquait Toanui Viriamu.
Tout leur travail contribue à redonner une place importante aux rivières qui sont souvent des personnages des mythes, des légendes, de l’histoire polynésienne. À Tahiti, ils ont recensé 405 cours d’eau en comptant les cascades, les sources, les ruisseaux, les torrents et les rivières. Cette collaboration entre le ministère de la Culture et de l’Équipement était une première, la DCP espérait qu’elle se poursuive pour « mettre en valeur le patrimoine culturel, compléter nos bases de données et d’apporter de nouvelles informations à la population ».
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