Comment sont créés les parfums qui nous procurent tant d’émotions, nous transportent dans le temps et l’espace, et nous aident à exprimer qui l’on est ? Nous avons profité du passage en Polynésie de Philippe Hardel, directeur de la création olfactive chez Adopt Parfums, pour le découvrir.
Philippe Hardel est directeur de la création olfactive chez Adopt Parfums depuis 4 ans et travaille dans la parfumerie depuis 12 ans. « Je suis ce qu’on appelle un designer olfactif. Je vais décider, avec le marketing, de tous les nouveaux parfums qu’on veut proposer à nos clientes. » Comme la grande majorité des marques de parfum, même les plus réputées, il travaille à la conception de nouvelles fragrances avec des maisons de création où l’on trouve les fameux parfumeurs, ces artistes de la composition olfactive qui savent piocher parmi des milliers de matières premières pour créer un produit unique. Et toute nouvelle création part « d’une idée, un thème, une direction », confie Philippe. « Si j’ai envie de faire un floral blanc, par exemple une tubéreuse, je vais aller interroger quelques parfumeurs dont je connais une vraie sensibilité pour cette fleur-là. Et je vais essayer de lui donner un cadre pas trop restrictif parce que la création a besoin de liberté au démarrage pour voir comment le parfumeur va s’approprier l’histoire qu’on veut raconter. Le parfumeur revient me voir quinze jours plus tard avec des fioles contenant ses propositions créatives et là on commence le process d’évaluation. »
Comme la musique
« Le process créatif est beaucoup basé sur l’émotion qu’on essaie de retranscrire en des mots, poursuit Philippe. Je compare souvent le langage de la parfumerie à la musique. Quand vous faites de la musique, vous apprenez le solfège, il y a des notes. Et les musiciens, quand ils se parlent entre eux, il y a une forme de langage qui n’est pas toujours accessible pour tout le monde. On prend beaucoup de temps à évaluer la proposition sur des touches olfactives, ces petits bouts de papier que l’on trouve également en parfumerie, à voir la manière dont le parfum évolue. Il y a tout un déroulé, c’est toujours comme la musique, il y a une introduction et les notes se déroulent. Les notes de tête sont les plus volatiles. Les notes de cœur vont être le cœur du propos, sont un peu plus denses. Et les notes de fond vont être les molécules les plus lourdes qui vont créer la rémanence sur peau et qui vont arriver beaucoup plus tard dans le parfum. Un beau parfum, c’est un jeu d’équilibre. C’est faire en sorte que chaque note se dévoile selon le bon tempo au fur à mesure. »
Un travail au long court
La conception d’un nouveau parfum peut prendre quelques mois à quelques années. Le processus d’évaluation demande beaucoup de patience. Car pour chaque proposition du parfumeur, Philippe, aujourd’hui aidé d’un collaborateur, doit prendre le temps de…
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